Temps de lecture : 6 minutes

Chacun a le droit de mener sa vie affective comme il l’entend et avec qui il l’entend. Qu’il s’agisse de fonder une famille, d’être amoureux ou d’avoir une relation. Les personnes en situation de handicap n’ont pas toujours cette possibilité. Trop de barrières subsistent encore. En particulier dans le regard que la société pose sur le handicap. La représentation sociale place les personnes en situation de handicap d’une manière à les isoler socialement, affectivement et d’inhiber toute forme de désir.

Le handicap et la sexualité

Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), la santé sexuelle fait partie intégrante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie. Elle stipule également qu’une « approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles agréables et sûres, sans contraintes, discriminations et violences » doit être prise en compte. Or, certaines personnes en situation de handicap sont privées de relations sexuelles, sont discriminées et sujettes à des stigmatisations de leur sexualité. Le manque de solutions adaptées aboutit à une absence non choisie d’intimité, de vie affective et de sexualité. Cette absence de reconnaissance peut générer de la souffrance et des difficultés à se construire personnellement. Des tensions au sein des familles comme des établissements peuvent également émerger. La convention internationale relative aux droits des personnes en situation de handicap appelle elle à « éliminer la discrimination des personnes handicapées dans tout ce qui a trait au mariage, à la famille, à la fonction parentale et aux relations personnelles ».

Des relations intimes pour être "comme tout le monde"

La demande de partenaire sexuelle peut signifier un besoin de montrer sa normalité. Les hommes handicapés en particulier veulent faire l’amour pour différentes raisons. Parmi celles-ci, il y a notamment le fait de ne pas vouloir mourir sans avoir connu de relation sexuelle. Pour certains, mourir vierge, sans jamais avoir eu de relation sexuelle complète constitue un regret. Pour eux, c’est comme s’ils avaient raté leur vie. Une personne en situation de handicap masculin veut se construire une identité en vivant une rencontre sexuelle. D’autre part, pour des personnes en situation de handicap, l’absence de relation sexuelle les maintient dans un état enfantin. Cela les empêche de grandir et d’accéder au statut d’adulte.

Un droit à la sexualité

Les relations sexuelles sont soumises à des règles et droits fondamentaux. Parmi celles-ci, il y a notamment le principe de non-discrimination. Toute personne, peu importe son orientation, son état physique, mental ou psychique peut avoir recours à une vie intime et sexuelle. Les relations intimes et sexuelles sont soumises à l’égalité et à la liberté de chacun de disposer de son corps.

Le principe de non-discrimination

La charte européenne des droits fondamentaux du 7 décembre 2000 prévoit, dans son article 21, un principe général de non-discrimination. Celui-ci vise les personnes en situation de handicap dans tous les domaines. La vie affective et sexuelle y est comprise. Dans son article 26, la charte prévoit une obligation de prendre toutes les mesures appropriées pour permettre un accès aux même droits et opportunités sur la base d’égalité avec les autres.

Un accès égalitaire à l’éducation sexuelle

De nombreux textes de lois font référence à la sexualité des personnes en situation de handicap. Ceux-ci concernent notamment l’éducation affective et sexuelle. La loi n°2001-588 du 4 juillet 2001 articles 22 et 23 relative à l’éducation à la sexualité et à la contraception reconnaît le droit à la sexualité et à l’éducation sexuelle des personnes handicapées. Cette loi affirme la nécessité d’actions préventives et éducatives adaptées à la vulnérabilité et à la spécificité des personnes en situation de handicap.

Former et sensibiliser les professionnels de santé

La loi n°2001-588 du 4 juillet 2001 articles 23 relative à l’éducation à la sexualité et à la contraception indique « une information et une éducation à la sexualité et à la contraception est notamment dispensée dans toutes les structures accueillant des personnes handicapées ».

Aujourd’hui, la société reconnaît à chacun la libre expression et la prise en compte de ses droits fondamentaux. Cela a donné lieu à plusieurs textes importants dans les domaines sociaux et médico-sociaux. De ce fait, cela laisse la possibilité de satisfaire ses besoins et droits fondamentaux dans les institutions qui les accueillent. Seulement, les organisations institutionnelles et représentations du personnel ne prennent pas toujours en compte les besoins affectifs et désirs de sexualité des personnes prises en charge. La vie affective et sexuelle des personnes accueillies en établissement doit pouvoir s’exprimer comme pour tout individu. C’est une réalité biologique, un besoin, ainsi qu’un droit fondamental. C’est un sujet tabou, qui, dans des situations non conçues et non organisées, est difficilement pris en compte.

Ce droit, faute de réflexion, de prise de recul et de remise en cause des concepts et des pratiques, est ignoré, voire refoulé par les professionnels. Le lien avec les familles qui peuvent avoir des réactions d’incompréhensions et/ou de rejet face aux situations relatives à la vie affective et sexuelle de leurs proches, parents, enfant est également un paramètre important à prendre en compte….

Il existe des formations pour les professionnels de santé pour mieux accompagner les personnes en situation de handicap dans l’appropriation et l’apprentissage de leur sexualité. Ces formations permettent notamment d’identifier les incidences du handicap sur le processus de développement de la sexualité. Elles permettent d’établir un cadre dans lequel mener à bien un projet (en individuel ou en groupe) d’éducation et d’accompagnement à la vie affective et sexuelle auprès des personnes en situation de handicap mental, psychique et/ou moteur.

Construire une vision positive de la sexualité

Né en janvier 2011, le Collectif Handicaps et Sexualité Ose (CH(s)OSE) fédère des personnes morales (APF France handicap, AFM Téléthon,…) et physiques (personnes en situation de handicap, professionnels,…) pour militer en faveur d’un accès à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap. Ces actions visent notamment à la création de services d’accompagnement à la vie sexuelle.  Les personnes en situation de handicap sont des êtres sexuels. Elles doivent pouvoir pratiquer la sexualité de leur choix, y compris celle de ne pas en avoir. Cela peut passer, par exemple, par le recours à un tiers dans la découverte et pour l’exercice de sa sexualité, qu’il s’agisse de faciliter l’accès à l’autoérotisme ou à la relation corporelle avec son/sa partenaire. De ce point de vue, ce tiers est l’assistant(e) sexuel(le).

L'assistance sexuelle selon Ch(s)OSE

L’assistance sexuelle consiste, comme déjà en usage dans de nombreux pays (nord de l’Europe, aux Etats-Unis,…) à prodiguer une attention sensuelle, érotique et/ou sexuelle à une personne en situation de handicap. Cela permet, à leur demande, un acte sexuel à deux personnes qui ne peuvent accomplir sans aide.

Pour CH(s)OSE, la pratique de l’assistance sexuelle ne peut se dérouler que dans le cadre d’un service d’accompagnement adapté. Cela permet de garantir un cadre éthique à cette activité pour toutes les parties. Le service d’accompagnement à la vie sexuelle a pour finalité de sortir les personnes d’une certaine forme d’isolement. Il vise à aider à la mise en relation avec un(e) assisant(e) sexuel(le) en veillant à la dignité de chacun. Il s’agit d’affirmer leur droit à une sexualité sans discrimination, sans violence ou contrainte. De plus, cela permet un accès aux services d’éducation et de santé sexuelle, dans le respect de la vie privée et familiale.

Pour qui est adaptée l'assistance sexuelle

L’assistance sexuelle s’adresse à toute personne handicapée, quelles que soient son identité de genre et son orientation sexuelle. Il faut que la personne ait une impossibilité ou une très grande difficulté à accéder à son corps et à celui d’autrui. Cela résulte de raisons physiques, psychiques ou intellectuelles. La majorité légale de la personne est requise pour bénéficier du service d’une assistance sexuelle.

Les aides techniques d'assistance sexuelle

Les aides techniques d'assistance sexuelle consistent à prodiguer une attention sexuelle à une personne en situation de handicap ou à mobilité réduite. Cela permet d'avoir un acte sexuel aux personnes ne pouvant l'accomplir sans aide.

Toute personne a le droit de mener une vie affective et sexuelle comme il l'entend. Malheureusement, les personnes en situation de handicap n'ont pas toujours cette possibilité. Il est important d'informer et de former les professionnels de santé accueillant des personnes en situation de handicap. Comme tout le monde, ces personnes ressentent des envies et des besoins. Du fait de leur situation, ils ont parfois du mal à l'exprimer et à l'assouvir. L'assistance sexuelle est alors une alternative pour combler ce manque et assouvir leurs besoins.

Cet article a été écrit par

Jeanne

Bonjour à tous, je suis Jeanne. J'aime écrire et partager mes connaissances sur différents sujets. Si vous avez envie de lire un sujet en particulier vous pouvez me contacter via contact@harmonie-hms.fr